Dimanche 18 septembre 2022 Feuille d’informations et Edito

Feuille d’informations – du 18 au 24 septembre 2022

Priez pour les chefs d’État !

  – Le roi est mort ! Un nouveau roi est appelé à régner !         
  – Araignée ? Quel drôle de nom pour un roi. Et pourquoi pas papillon ou libellule ?

Cette plaisanterie, entendue dans mon enfance, surgit de ma mémoire, à l’heure où les médias nous font suivre, au jour le jour, tout le rituel funéraire et successoral qui accompagne le décès de la reine d’Angleterre. Sans chercher à commenter le décalage qu’il peut y avoir entre le faste déployé autour de la couronne anglaise et la réalité politique du pouvoir exercé par le monarque britannique, je voudrais revenir sur la célébration, cette semaine, de la fête de la Croix glorieuse, et en même temps souligner cette phrase tirée de l’épître mise en exergue dans le titre.

L’exhortation que saint Paul adresse à Timothée n’a cessé d’être d’actualité dans l’histoire de l’Eglise. Aujourd’hui encore elle reste valable lorsque nous formulons à chaque messe dominicale les intentions de prière que nous faisons monter vers Dieu dans la Prière Universelle. Oui, saint Paul nous demande de prier pour les chefs d’états. Pour autant, l’Église a traversé les siècles en s’adaptant à tous les systèmes de gouvernement. Parfois en s’opposant jusqu’à la persécution, parfois en s’alliant au pouvoir en place – pas toujours pour le meilleur – le plus souvent en s’accommodant de la situation pour vivre discrètement dans la foi. Et précisément saint Paul nous invite à demander à Dieu de pouvoir vivre dans « la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité. » Ce qui ne veut pas dire que les chrétiens doivent se désengager de toute action politique, bien au contraire. Pour pouvoir vivre dans la dignité il nous faut bien défendre certains principes. Car, il convient aussi de le rappeler, un chef d’état n’est pas seulement un gestionnaire, il est aussi une autorité morale. Si dans l’Évangile, entendu ce dimanche, Jésus dénonce le culte de l’argent pour lui-même, nous en voyons bien l’actualité. Et, sur ce point, il y a bien des critiques à formuler sur la manière dont les pays ou les entreprises sont dirigés. Et cela peut conduire à atteindre profondément la dignité de toute personne humaine ; ainsi lorsque l’on entend des arguments purement financiers à propos des soins à donner aux personnes âgées et malades. Rappelons inlassablement que la valeur d’une vie humaine, quelque soit l’état de santé d’une personne, ne peut se mesurer en terme de coûts et de profits.

Prions donc pour que nos gouvernants prennent des décisions qui ne nous mettent pas en contradiction avec l’Évangile. Notre prière monte donc vers Dieu, pour tous les chefs d’état de tous les pays, quelques soient les constitutions qui régissent leur mode de gouvernement. Et si l’on a pu croire pendant des siècles que l’Église était monarchiste cela vient, peut-être des circonstances et d’un certain opportunisme, mais cela vient surtout d’un profond malentendu. Oui le Christ est Roi. Et si certains rois ont su gouverner en étant de vrais serviteurs de Dieu, la royauté du Christ, seule, domine toute forme d’autorité. La Croix Glorieuse, célébrée cette semaine, nous rappelle que le trône du Christ, c’est sa Croix. Si le Christ est élevé de terre, comme le dit l’Évangile de saint Jean, c’est, avant même son Ascension, parce que sa Croix est dressée sur le monde. Et par le sacrifice de lui-même sur sa Croix, le Christ s’offre à son Père, d’une part, mais aussi à nous, d’autre part. Voilà comment règne le Christ ; voilà comment tout chef d’état devrait gouverner.

Alors prions pour que nos gouvernants se souviennent qu’ils sont en place pour servir les autres et non pour se servir eux-mêmes. Et le premier signe d’un gouvernement selon les desseins de Dieu, c’est la paix… A ce sujet il y aurait encore beaucoup à dire et à faire. Prions et agissons…

 

Père Vincent Bellouard