Dimanche 14 mars 2021 FIP, édito

« Réjouissez-vous »

 

Feuille d’infos paroissiales – FIP du 14 au 21 mars 2021

Laetare est le premier mot latin du chant d’entrée du quatrième dimanche de Carême :

« Réjouissez-vous avec Jérusalem,

exultez à cause d’elle, vous tous qui l’aimez !

Avec elle soyez plein d’allégresse, vous tous qui portiez le deuil !

Ainsi vous serez nourris et rassasiés de l’abondance de sa joie».

Cet extrait de la dernière partie du livre d’Isaïe contient « une annonce solennelle de salut pour Jérusalem et la description de sa gloire ». Après le retour de l’Exil, qui sans doute ne fut pas massif, le peuple  vit en Israël une période de marasme économique. Les plus entreprenants des Israélites qui étaient tellement bien établis à Babylone étaient peu pressés de rentrer au pays :  le retour fut donc, d’abord et surtout, celui des pauvres, qui n’avaient pas prospéré en exil et n’avaient cessé de crier vers le Seigneur. Pour eux retentit l’appel : « Jubilez avec Jérusalem, exultez à son sujet, vous tous qui l’aimez. Avec elle soyez enthousiastes, oui, enthousiasmés, vous tous qui aviez pris le deuil pour elle » : Dieu a entendu votre appel.

L’enthousiasme du retour à Jérusalem est retombé et a fait place au découragement. Le pays est à reconstruire. A ceux qui doutent, le prophète répond en invitant d’abord à la joie, et, en motivant et explicitant les motifs de celle-ci. Le motif de la joie, c’est le salut que Dieu va opérer en faveur de Jérusalem. Mais ce salut n’est ni une négation de la souffrance endurée par les hommes ni un papier brillant pour cacher la misère. Le salut de Dieu trouvera son ultime acte sur la Croix: « ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle » Jn 3, 14-15.

Quand nous chantons pendant le carême « rends-nous la joie de ton salut », nous ne demandons pas la joie éphémère ou superficielle mais nous sommes, pour autant, capables de croire que la joie est possible car avant d’être un état d’esprit qui ne dépendrait que de nous, elle est surtout un fruit de l’amour de Dieu. Pour les chrétiens, la joie n’est donc pas le résultat d’une vie facile et sans difficultés, ou quelque chose lié à des changements de circonstances ou d’états d’âme, mais une profonde et constante attitude qui naît de la foi en Jésus Christ : « et nous, nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru » (1Jn 4, 16). Le message chrétien qui nous a été transmis a pour but d’entrer en communion avec Dieu « afin que notre joie soit parfaite » (1Jn 1, 4)

« La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours » (François, La joie de l’évangile, 1). Ce ne sont donc pas la douleur ou les difficultés qui s’opposent à la joie, mais plutôt la tristesse qui peut naître du manque de foi et d’espoir dans de telles situations, le vide intérieur qui naît de notre incapacité à accueillir l’autre enfermés que nous sommes dans notre recherche d’un intérêt égoïste.

La vie en Eglise en général, notre vie paroissiale en particulier, sont d’excellents remèdes à la tristesse et au repli sur soi. La prière et la vie sacramentelle nous permettent d’être nourris et comblés par l’amour de Dieu, la vie fraternelle en nous donnant l’occasion de faire le bien, fait grandir aussi notre joie car du bien nait la joie.

Abbé Sébastien Courault