Feuille d’information du 19 octobre au 1er novembre 2025

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La prière d’une veuve

Quand on lit les paraboles des évangiles, il y a de quoi être frappé par l’insistance de Jésus à poser la question de la foi. Que ce soit à travers l’image de la semence qui ne donnera son fruit que si elle trouve une bonne terre, c’est-à-dire la foi, à travers l’image du grain de sénevé qui nous dit que le moindre acte de foi peut « transporter un arbre dans la mer », ou encore l’histoire du mauvais riche et du pauvre Lazare qui nous incite à écouter avec foi la Parole de Dieu, Jésus essaye de susciter dans son auditoire une écoute du cœur qui conduise à la foi. Cela est vrai de la parabole que nous entendons ce dimanche. La parabole de la veuve qui prie avec persévérance ne porte pas sur le problème de l’efficacité de la prière, mais sur le problème de la foi : « quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? ».

Si Jésus pose cette question, c’est parce qu’il sait qu’il n’y a rien d’automatique dans la foi. Le cœur de l’homme est parfois inconstant, inconséquent, superficiel. On a la foi, mais sans en vivre les exigences. On veut certaines choses, mais sans les vouloir vraiment. On repousse à plus tard des décisions qui engagent notre vie de foi ; or bien souvent, repousser à plus tard une décision, c’est renoncer, sans oser l’avouer. La veuve de la parabole, elle, ne lâche pas. Elle est conséquente dans son choix. Elle persévère, et finit par obtenir ce qu’elle désire. Par la foi, l’âme est capable de reconnaître son bien véritable, le lieu de son bonheur. Elle est alors portée par une espérance qui ne renonce pas : « l’âme obtient autant qu’elle espère » écrivait saint Jean de la Croix.

La foi est la colonne vertébrale de notre vie chrétienne, le socle de la vie de l’Eglise. Elle est le fondement de la vie de notre paroisse, à l’image des pieux sur lesquels notre église Sainte-Anne est construite. L’édifice (dont nous fêterons l’anniversaire de consécration ce 24 octobre !) est l’image de notre communauté, faite de pierres vivantes. La communauté ne sera solide que si elle est portée par la foi. Comme les pieux et les micropieux cachés dans le sous-sol, la foi plonge dans le tréfond de notre âme. C’est-elle qui donne à notre vie sa solidité (en hébreu, la foi se dit emunah, qui signifie littéralement : « c’est solide » ; c’est le sens du amen de la liturgie).

Nous avons parlé lors de notre sortie à Sens de la vie de notre communauté, de l’accueil que nous avons à vivre, de la charité qui nous anime. Nous parlerons cette année de la transformation missionnaire de la paroisse. Tout ceci ne prend son sens que sur le fondement de notre foi, une foi profonde, à la fois humble, forte et persévérante. Soyons reconnaissants envers la veuve de la parabole de nous l’enseigner.

Père Henri de l’Eprevier