Feuille d’infos paroissiales – FIP du 6 décembre 2020
Dimanche 6 décembre 2020
Nous avons besoin de la messe !
Il a été question, ces dernières semaines, dans les médias, de la messe et de sa signification pour les catholiques.
Qu’est-ce qui les poussait à vouloir se rassembler ? Pourquoi autoriser la messe plus qu’une séance de cinéma ou
un match de football ? Il faut reconnaître qu’en se situant en dehors d’une perspective de foi, cela n’est pas
forcément évident à comprendre.
Mais nous nous sommes rendu compte que ce n’était pas non plus évident à expliquer. De nombreux catholiques
se sont exprimés, avec sincérité et avec courage. Même si les arguments ne portaient pas toujours, ils
permettaient de comprendre, pour qui savait les écouter, qu’il y avait quelque chose de profond, finalement de
difficilement exprimable, qui résistait à tous les discours. Et c’est vrai : ce qui se passe à la messe échappe aux
discours. Notre manière d’en rendre compte, si elle est vraie, sera toujours partielle.
Il y a d’abord et principalement l’eucharistie, le don du Christ qui s’offre dans le pain et le vin qui deviennent
réellement son corps et son sang. Mais il y a aussi les paroles de Jésus, quand il a institué le sacrement de
l’eucharistie : « prenez et mangez, prenez et buvez ». Il veut nous faire vivre de sa vie. Saint Augustin a cette
belle formule : nous devenons ce que nous recevons, le corps du Christ. Il y a réellement une continuité entre le
sacrement posé sur l’autel – celui que l’on nomme de manière très juste le Saint Sacrement (tous les sacrements
sont saints, mais l’eucharistie est le sacrement par excellence) – et le peuple des baptisés rassemblés dans
l’église. Saint Paul écrit : « Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous
avons tous part à un seul pain » (1 Co 10,17). Il ne parle pas d’une réalité seulement symbolique, valable dans
nos pensées, mais d’une réalité très profonde, que nous expérimentons avant de pouvoir la concevoir et
l’exprimer. Car la messe est l’œuvre même de l’Esprit Saint, qui nous rassemble dans un seul corps pour nous
faire entrer dans une même louange. Nous partageons avec nos frères orthodoxes cette compréhension
« sacramentelle » de l’Eglise, que Dom Guéranger définit comme une « assemblée de louange » : non des
individus qui se réunissent le même jour pour prier les uns à côté des autres, mais l’unité que seul l’Esprit Saint
peut réaliser, qui prend sa source dans l’eucharistie et nous ouvre aux réalités du Ciel.
Pour former un corps, il faut être présent non seulement spirituellement, mais aussi physiquement. Aussi, il est
nécessaire de participer à la messe. On dit souvent, avec raison, que le christianisme est une religion de
l’incarnation. Nous avons besoin d’être là, présents. Ceux parmi nous qui ne peuvent venir (à cause de la
maladie, du grand âge, ou quand une maman vient d’accoucher !) sont unis par la prière. Ils ne sont pas absents
par indifférence, ils s’unissent à ceux qui sont rassemblés dans l’église. Et ceux qui y sont prient pour eux.
L’épisode récent de l’interdiction de la messe nous a meurtris. Cette situation n’est pas si anormale pour un
chrétien ; Jésus n’a jamais dit qu’il nous envoyait dans un monde merveilleux où tout le monde serait d’emblée
d’accord avec nous. Nous avons à rendre compte de notre foi à ceux qui le demandent (1 P 3,15), avec patience
et avec douceur. Car si les chrétiens ont besoin de la messe, ce n’est pas pour leur seul bénéfice, c’est « pour la
gloire de Dieu et le salut du monde », pour le bien du monde entier, pour le salut de tous les hommes, pour que la
paix et la charité du Christ continuent de se répandre.
Père Henri de l’Eprevier