Feuille d’information du 22 au 28 juin 2025

Feuille d’information du 22 au 28 juin 2025

Un don si grand !

A la suite de la fête de la Pentecôte, trois grandes solennités constituent un déploiement du trésor de la foi qui a été confié à l’Eglise par Jésus ressuscité. Jésus avait annoncé aux apôtres : « l’Esprit Saint vous mènera à la vérité toute entière ». L’effusion de l’Esprit à la Pentecôte permet, d’une certaine manière, ce déploiement. C’est d’abord la révélation du Dieu Trinité, à laquelle Jésus ressuscité nous a donné accès. C’est ensuite le don de l’eucharistie, source et sommet de la vie de l’Eglise. C’est enfin la fête du Coeur de Jésus, qui résume tout de ce que nous avons célébré : Jésus nous fait le don de son Cœur, réceptacle de son œuvre de salut.

Nous célébrons ce dimanche la solennité du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ. Il est important de bien voir comment cette fête s’articule avec les autres. On risque souvent de se concentrer sur l’eucharistie prise pour elle-même. Les adorations et les heures saintes nous aident à mieux percevoir la réalité de la présence du Christ dans le pain et le vin consacrés : Il est présent vraiment, de façon substantielle, et non de façon symbolique. Mais s’Il nous fait le don de sa Présence, ce n’est pas pour que nous en fassions un objet de piété personnelle que nous utiliserions à notre guise. C’est pour renouveler au milieu de nous les merveilles de son mystère pascal, c’est pour nous vivifier et nous sanctifier, c’est pour nous unir à Lui dans notre chemin de vie chrétienne vers le Ciel.

La pratique de l’adoration du Saint Sacrement est assez tardive dans l’Eglise ; elle date de la fin du Moyen-Âge. Elle répond à une demande des laïcs de pouvoir contempler davantage la Présence du Seigneur dans l’hostie. Le quatrième Concile de Latran, en 1215, avait institué le geste de l’élévation, pour que les fidèles puissent contempler l’hostie avant d’y communier. L’adoration a commencé au cours de la messe, comme un « arrêt sur image », toujours en vue de la communion, et non comme une dévotion séparée. En 1264, le pape Urbain IV institua la fête du Saint Sacrement, grâce à la demande d’une religieuse belge de Liège, sainte Julienne du Mont-Cornillon. A la Renaissance, le développement des heures saintes et des « quarante heures » a permis de vulgariser la pratique de l’adoration. L’Eglise n’a cessé de rappeler que l’adoration devait être normalement toujours liée à la célébration liturgique.

Aujourd’hui, on a vu se développer de nombreuses propositions d’adoration du Saint Sacrement. C’est très heureux. Dans beaucoup d’endroits, les fidèles ne peuvent y avoir accès. Cette dévotion répond à une intense soif spirituelle. Mais ne la banalisons pas. Reconnaissons le don inouï qui nous est fait. Jésus s’est abaissé jusqu’à nous donner son corps, jusqu’à se rendre présent dans la fragilité d’une petite hostie blanche. Loin de nous y habituer comme quelque chose de normal, gardons au contraire l’esprit d’émerveillement devant un mystère si grand, et finalement immérité.

Souvenons-nous aussi que l’hostie que nous contemplons, quand elle est exposée dans l’ostensoir, doit être consommée. L’adoration est une affirmation de notre foi dans la présence réelle du Seigneur ; elle n’est pas une fin en soi. La fin de l’adoration, c’est la participation à la liturgie, et, si nous y sommes disposés, la communion. Depuis les origines de l’Eglise, on apporte les hosties consacrées aux personnes âgées ou malades ; cette pratique permet de les relier à la célébration de la messe à laquelle elles ne peuvent participer.

Que cette fête renouvelle en chacun de nous l’amour de l’eucharistie, source et sommet de la vie de l’Eglise, c’est-à-dire de notre paroisse. Que notre proximité avec le Christ, célébré à la messe, présent dans l’hostie, nous unisse les uns aux autres, et en particulier avec nos frères malades et âgés, dans une même charité.

Père Henri de l’Éprevier

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