Feuille d’information du 14 au 20 décembre 2025

Feuille d’information du 14 au 20 décembre 2025

Le prisonnier et la Grâce

Le 3e dimanche de l’Avent prolonge notre rencontre avec Jean-Baptiste ; nous le trouvons cette fois-ci dans les geôles du roi Hérode. L’assurance du prophète qui baptisait au bord du Jourdain paraît avoir disparue : « Es-tu celui qui doit venir ou doit-on en attendre un autre ? » demande-t-il à Jésus par l’intermédiaire de ces disciples. Diverses interprétations sont possibles. Très certainement Jean Baptiste réalise que Jésus n’a pas l’intention de le libérer. Alors que la libération des prisonniers est bien présente dans les oracles messianiques du prophète Isaïe (cf. Is 61,1s), Jésus n’en fait même pas mention lorsqu’il évoque les signes messianiques devant les disciples de Jean. On comprend la perplexité de Jean-Baptiste ! On comprend également que Jean-Baptiste lui-même, « le plus grand parmi ceux qui sont nés d’une femme », n’a pas épuisé la connaissance du Messie. Lui-même doit encore apprendre comment va se réaliser le jugement de Dieu, comment sera donné le baptême dans l’Esprit-Saint et le feu.

La prison apparaît comme un creuset, propre à un approfondissement ; certains y écrivent même des centaines de pages en quelques jours… Si tout le monde n’a pas la chance d’être un écrivain prolixe et talentueux, nos prisons n’en sont pas moins le lieu de cheminements spirituels remarquables, hier comme aujourd’hui. Heureuse coïncidence ou ingénieux calendrier, le jubilé des prisonniers sera célébré ce dimanche 15 décembre à Rome. A cette occasion, les évêques français ont prévu d’aller visiter plus d’une centaine de prisons de notre pays manifestant ainsi que nul n’est tenu à l’écart de la grâce jubilaire. Là où le regard de l’opinion peut difficilement voir autre chose qu’un criminel – et comment pourrions-nous minimiser des crimes si terribles ? – la foi espère pourtant pour le pécheur. Et pour cause : de nombreux détenus vivent derrière les barreaux une véritable rencontre avec le Christ. Ils découvrent un salut sans commune mesure avec ne serait-ce qu’une libération conditionnelle anticipée.

Des espaces de méditation : voilà ce qui est plus que jamais nécessaire dans une économie de l’attention où chaque minute arrachée à l’utilisateur de systèmes connectés est valorisée en cash. Le pape Léon invitait mercredi dernier à méditer sur la mort en vue de nous apprendre « à choisir ce que nous voulons vraiment faire de notre existence. Prier, pour comprendre ce qui est utile en vue du royaume des cieux ». Souhaitons que la prison ne soit pas l’unique moyen de trouver du temps perdu pour la méditation. Profitons de l’Avent pour prendre le temps du silence, de la réflexion. Prenons des temps de retraite. Exposons notre méditation à la Parole de Dieu. En cela, suivons l’exemple de la Vierge Marie dont l’évangile nous dit qu’elle gardait toute ses choses en son cœur. Le cœur est le lieu où nous intégrons notre vie, nos pensées, nos expériences, la Parole de Dieu dans une synthèse qui nourrit le sens et la parole. Du cœur naît la prière.

Alors vient la joie : ce dimanche de Gaudate nous parle de joie, pas n’importe laquelle, la joie du salut : « Tu as béni, Seigneur, ton domaine ; tu as mis fin à la captivité de Jacob » (Ps 84,2 ; introït).

 

Père Louis Thiers