Dimanche 28 mai 2023 Feuille d’informations et Edito

Feuille d’informations – du 28 mai au 3 juin 2023

La force d’en haut

L’Ascension du Seigneur a été un tournant dans la vie des disciples, un moment de vérité. Ils avaient bien entendu Jésus annoncer son départ et promettre la venue du Saint Esprit mais ce départ a désormais eu lieu et ils doivent mettre en œuvre dans leur propre vie ce que Jésus a enseigné et surtout se mettre en route pour accomplir la mission qu’il leurs a confiée. Comme les disciples, nous sommes invités à croire que se réalise la promesse du Seigneur : il nous envoie l’Esprit Saint qui nous enseigne tout.

Pour autant, cet Esprit qui nous est promis ne nous est pas bien connu et le discernement de sa présence et de son action dans nos vies n’est pas toujours facile. L’enjeu n’est peut-être pas de trouver l’Esprit Saint mais d’abord de nous laisser trouver par lui, c’est-à-dire de nous rendre disponible à son action. Les Écritures et la Tradition nous apprennent que l’Esprit Saint est le souffle de vie créateur, qu’il est celui qui nous fait entrer dans le mouvement d’amour qui unit le Père et le Fils, qu’il est une force venue d’en-haut, qu’il est le Paraclet, le Défenseur, qu’il est le Consolateur souverain, qu’il guérit ce qui est blessé, rend droit ce qui est faussé et baigne ce qui est aride. Devant ce large spectre des actions de l’Esprit Saint, il s’agit moins d’en découvrir encore plus à son sujet que de laisser ces actions transformer nos propres vies.

Puisque l’Esprit Saint est une force, ayons le courage d’oser le surnaturel en vivant de la vie divine et en nous laissant sauver par elle. Ayons le courage également de redire au monde que sans Dieu il ne peut rien faire. Les idéologies qui ont ravagé le XX° siècle ont porté à leur achèvement la tentation moderne que la société pourrait être transformée et menée à sa perfection par la seule action de l’homme. Saint Jean-Paul II, qui les avait vécues dans sa chair, leur répondit dans sa première encyclique, Redemptor hominis, que le Christ est l’unique sauveur des hommes et qu’il n’y en a pas d’autre Nom sous le Ciel par lequel nous devons être sauvés. Nous sommes entrés au XXIe siècle dans une ère où se lèvent de nouvelles idoles. Elles sont encore plus radicales car au refus d’être sauvé a succédé le refus d’être créé. Nous nous voulons aujourd’hui notre propre origine et notre propre fin, dans l’illusion d’une liberté pure ; l’idéologie actuelle est celle d’une liberté qui refuse sa limite et veut choisir absolument sa vie comme elle entend choisir sa mort.

Ces tentations ne sont pas réservées aux grands choix de société mais elles concernent aussi notre vie quotidienne. Quelle place faisons-nous à cet Esprit consolateur pour qu’il nous trouve disponible à son action ? Faire davantage confiance au Seigneur, le laisser guérir ce qui est blessé en nous présentant humblement devant lui, écouter sa parole et suivre ses commandements car c’est bien en recevant de lui le sens de notre vie que nous devenons vraiment libres d’agir.

L’Esprit Saint ne nous est pas mal connu parce que nous ne saurions pas qui il est mais bien davantage parce que nous ne le laissons pas suffisamment agir en nous.

 

Abbé Sébastien Courault